Analyses biologiques et
immunologiques du mésothéliome pleural malin.
Etudes à visées
diagnostiques et thérapeutiques
Equipe 4 –
Unité 892 INSERM – Marc GREGOIRE
Etude multicentrique sur la
région du Grand Ouest
Partenaire
1 : Marc GREGOIRE – U892, Nantes
Partenaire
2 : Philippe BERTRAND – UMR 6514, Poitiers
Partenaire
3 : Pierre-François CARTRON – U892, Nantes
Partenaire
4 : Laurent CELLERIN – Institut Thorax, Service
Pneumologie, CHU Nantes
Résumé
du projet et résultats :
Le mésothéliome pleural malin (MPM) est une tumeur
primitive de la plèvre, très agressive, dont le pronostic reste défavorable
malgré les avancées thérapeutiques récentes. Son diagnostic est généralement
posé à un stade avancé de la maladie, lorsqu’un traitement curatif est peu
envisageable. Pour espérer une augmentation significative de la survie
des patients atteints de MPM, un diagnostic précoce et spécifique est
nécessaire. Certains facteurs solubles comme
la mésothéline ou l'ostéopontine, semblent être des marqueurs
particuliers pour le MPM, mais les données disponibles sont encore
insuffisantes pour pouvoir recommander leur utilisation.
Actuellement difficilement curable par les
stratégies thérapeutiques usuelles, quelques études cliniques récemment
développées pour d’autres types de cancer, laissent entrevoir la possibilité
d'un traitement efficace par des combinaisons d'immunothérapie et d'une
chimiothérapie systémique. Nous avions, en effet, récemment montré, que
l'induction d'apoptose par des inhibiteurs de méthylation d'ADN (DNMT) et de
l'acétylation des histones (iHDAC), pouvait induire de fortes propriétés
immunogéniques pour les cellules traitées.
Notre projet, multicentrique de l’interrégion Grand
Ouest, présente un double objectif :
àTout d'abord, en
collaboration avec l'équipe clinique du CHU de St Herblain (Partenaire 4), de
poursuivre la mise en place d'une collection d'échantillons biologiques de
mésothéliome pleural afin de réaliser des tests comparatifs sur liquides
biologiques (liquides pleuraux et sérum) et sur un large panel de lignées
cellulaires. Ces échantillons sont nécessaires à la recherche de marqueurs
solubles ou cellulaires à des fins de diagnostique, mais également pour des
applications thérapeutiques potentielles.
·
Ainsi, sur la base
de notre collection biologique provenant de liquides pleuraux, nous avons pu
isoler plus d’une trentaine de lignées tumorales que nous avons caractérisées
par l’expression de marqueurs spécifiques validés (par RT-PCR, IF et FACS) et
la libération de facteurs solubles déjà reconnus comme la mésothéline ou
l’ostéopontine. La collection biologique est en cours de validation et les
lignées tumorales obtenues ont permis de caractériser de nouveaux marqueurs
diagnostiques et de suivi pertinents (voir
ci-dessous).
·
Plus récemment, nous avons collecté les
populations lymphocytaires T présentes dans ces liquides pleuraux et étudions
leur capacité à reconnaitre et à tuer les cellules tumorales autologues.
·
Nous avons également
constitué une collection biologique de cellules mésothéliales transformées ou
néoplasiques à partir de liquides péritonéaux et de nodules tumoraux prélevés
sur des rats F344 (souche consanguine) induits à la crocidolite (amiante bleue)
pendant 8 à 13 mois. L’ensemble des 20 lignées transformées (prénéoplasiques,
ne formant pas de tumeurs après transplantation dans des rats syngéniques) et
des 4 lignées tumorales (formant des tumeurs après transplantation) présente la
même diversité phénotypique que celle rencontrée sur les lignées humaines
isolées à partir des échantillons de patients. (Guillot et al., en préparation).
·
A partir des lignées
cellulaires humaines (mésothéliomes et adénocarcinomes de poumon) nos résultats
ont aussi montré que la mésothéline soluble restait le meilleur marqueur
disponible avec une excellente spécificité mais un manque de sensibilité. Grâce
à la technique des puces à ADN, nous avons également identifié et validé 3
nouveaux marqueurs potentiels : le collagène III, la chémokine CCL2 et la
galectine-3. En collaboration avec le service d’Anatomie Pathologique du CHU de
Nantes (Dr C.SAGAN), nous avons montré que le collagène III est sécrété par les
cellules de MPM mais pas par les cellules de cancer du poumon. CCL2 et la
galectine-3 étant deux marqueurs solubles, nous avons montré que les taux de CCL2
étaient significativement augmentés dans les liquides de patients atteints de
MPM et que, à l’inverse, la galectine-3 est retrouvée préférentiellement dans
les liquides de patients atteint d’adénocarcinome (surtout d’origine
pulmonaire) (Gueugnon et al., en révision).
·
Toujours à partir
des prélèvements biologiques et des lignées cellulaires, nous avons mis en
évidence MUC1 comme étant un antigène de tumeur exprimé par le mésothéliome
pleural malin (MPM) et reconnu par des lymphocytes T CD8+ cytotoxiques. Nous
avons, en effet, établi plusieurs clones reconnaissant l’antigène MUC-1
(950-958), dont l’un des clones montre une grande spécificité envers les
cellules tumorales. Le niveau de glycosylation de MUC1 ne semble pas
affecter sa présentation aux lymphocytes T CD8+, contrairement a ce qui a
été décrit dans la littérature (Roulois
et al, soumis).
àAvec ces modèles
cellulaires, nous souhaitons également comparer, en collaboration avec une
équipe de chimiste à Poitiers (partenaire 2), et une équipe de biologistes à
Nantes (partenaire 3), les effets cytotoxiques et immunologiques de nouvelles
molécules de synthèses DNMT et iHDAC.
·
Notre recherche a
ainsi montré que le traitement de cellules tumorales, et en particulier les
cellules de mésothéliome, par une combinaison d’iHDAC et d’iDNMT, favorise
respectivement la mort cellulaire par apoptose et l’induction d’expression
d’antigènes tumoraux de type NYESO-1, MAGE qui sont reconnus par des
lymphocytes T spécifiques de ces antigènes. Nous avons montré que la chronologie
et la durée des traitements sont importantes pour potentialiser les effets de
ces 2 types de molécules. Nous avons montré in vitro que les cellules tumorales
humaines traitées, pouvaient être reconnues et détruites spécifiquement par des
lymphocytes T cytotoxiques. Nous avons également confirmé nos observations in
vitro dans un modèle murin de MPM, ou nous observons que la combinaison d’iHDAC et d’iDNMT provoque une diminution
des tumeurs avec la présence d’un infiltrat lymphocytaire répondant spécifiquement
aux cellules tumorales (Leclerc et al, en
révision).
·
Nous avons mis en
évidence, en collaboration avec l’équipe de François Vallette (U892-Equipe 9a),
le mécanisme moléculaire par lequel la méthylation et l’acétylation du
promoteur de NY-ESO-1, qui contrôlent son expression, sont régulés dans les cellules de mésothéliomes et
de gliomes (Cartron et al.,
soumis).
·
Cependant, Le
traitement des cellules tumorales par des agents hypométhylants
(5-AzaCdr) et iHDAC (VPA, SAHA) stimulant l'expression d'antigène de tumeur
(NYESO-1, MAGE...) par les cellules tumorales peut aussi entrainer une
inhibition de l'expression de l'antigène de tumeur MUC1 par les cellules de MPM
suite au traitement, ce qui provoque une baisse de la reconnaissance de ces
cellules par le clone de lymphocyte T CD8+ (Roulois
et al, en préparation).
·
Le projet visant à
découvrir de nouveaux iHDAC (collaboration avec le laboratoire de chimie du
CNRS de Poitiers) nous a conduit à développer un
nouveau système de criblage, de ces composés en système homogène et sur
cellules vivantes, basée sur la technologie BRET. Ce système présente
l’avantage d’être bon marché et transposable en système de criblage à haut
débit. De plus, ce système nous a permis de mettre en évidence un iHDAC actif à
faible concentration (nM), plus stable et probablement moins toxique vis-à-vis
de cellules saines. (Blanquart et al, Soumis).
·
Parmi les structures
leaders iHDAC obtenues par le partenaire 2 (Poitiers), la préparation des
composés les plus actifs a été améliorée (6 étapes de réaction au lieu de 9),
augmentant l’intérêt de ces structures en termes de développement ultérieurs.
Ces molécules ont été utilisées pour valider la technique BRET en comparaison
de résultats antérieurs. Afin d’élargir le panel de molécules pouvant être
préparées, une nouvelle méthodologie a été développée pour accéder à des
intermédiaires clés et proposant un résultat prédictif de la synthèse selon le
substrat. (Bertrand et al, sous presse).
·
Une toute nouvelle
famille de molécules iHDAC a été synthétisée, montrant une activité
anticancéreuse prometteuse qui pourrait être adaptée à différents traitements (Bertrand et al, dépôt de demande de brevet,
novembre 2011).
L'objectif de ces travaux est de développer et de
proposer une alternative thérapeutique et/ou adjuvante aux thérapies
conventionnelles du mésothéliome pleural, basée sur l'activation de la réponse
immunitaire en complément d’une action cytotoxique ciblée.